Semaine catastrophique pour les concurrents.
Une fois de plus, la course aura payée un très tribu à l'Océan Indien, réputé le plus dangereux du monde.
Après Loïc Peyron, officiellement toujours en course puisqu'il n'a pas (encore) reçu d'assistance, c'est Dominique Wavre qui s'est arrété aux Kerguelen. Il abandonne à cause d'un problème de fixation de la quille. En gros, la quille ne peut plus être bloquée dans une position voulue, donc elle se balade comme elle veut. C'est évidemment beaucoup trop dangereux pour continuer.
Le lendemain, c'est Bernard Stamm (suisse lui aussi) qui abandonne. Il avait un problème de jeu dans ses safrans et voulait essayer de réparer seul (même s'il avouait ne pas savoir quoi faire) en s'abritant aux Kerguelen. En arrivant aux Kerguelen, il avait finalement renoncé à réparer et avait officiellement abandonné. Les scientifiques, militaires et pécheurs présents sur l'ile s'étaient organisés, aidés par Dominique Wavre, afin d'aider Stamm à s'amarrer au port, alors que le vent soufflait à + de 50 noeuds. Malgré tout ça, Stamm rate le mouillage et le bateau se retrouve sur la côte, échoué. Il pourra finalement être remis à l'eau le lendemain avec la marée haute. Mais il est très abimé, après avoir tapé sur les rochers toute une nuit.
Le lendemain encore, c'est Jean Pierre Dick, le leader, qui venait d'augmenter un peu plus son avance, qui annonce avoir un problème de safran. Il a tapé un ofni (objet flottant non identifié), et son safran tribord s'est relevé, comme prévu. Sauf que ça n'a pas dû se passer aussi simplement que ça : au moment de vouloir remettre le safran en position normale (basse), Dick s'aperçoit que toute la tringlerie du système de gouverne est endommagée. Du coup, il n'a plus qu'un safran d'utilisable et ne peut naviguer que sur un bord.

Il ralentit donc sérieusement et espére pouvoir réparer prochainement, même si ce sera complexe et long.
Si la course continue pour lui, il semble qu'il n'est plus aucune chance de bien figurer....
Mike Golding se retrouve donc très vite en tête, Dick ayant sérieusement ralenti (10 noeuds au lieu des 18 noeuds de son rythme précédent). Mais ça ne dure pas longtemps : ce matin, Golding annonce qu'il vient de démâter. Il naviguait sous voilure réduite, dans 45 noeuds de vent et une mer énorme. Subitement le vent est encore monté, "passant de la tempête à l'ouragan" selon l'anglais, pour atteindre 55-60 noeuds. Le bateau est parti au lof et a dématé violemment. Mat en petits morceaux, seul la bôme est encore récupérable. Golding va s'en servir pour installer un gréement de fortune et rallier au ralenti l'Australie ou la Tasmanie. Après plusieurs casses l'obligeant à abandonner dans différentes courses précédentes, Golding est dégoûté et ressent un grand sentiment d'injustice.
L'ex groupe de 10 qui menait la course est donc décimé.
Aujourd'hui, c'est Michel Desjoyeaux qui mène un groupe de 6, très condensé, en moins de 100 milles. C'est un vrai groupe de furieux, qui alignent des moyennes incroyables : la nuit dernière, ils ont tour à tour franchi la barre des 450 milles parcourus en 24h. Desjoyeaux à parcouru 466 milles sur 24h, sachant que le record en solitaire sur ce type de bateau est de...468 milles
Derrière, un groupe de 4 poursuivants est à plus de 300 milles. Ceux-là on connu divers souci qui les ont ralentis. Ou tout simplement, ils n'arrivent pas ou ne veulent pas suivre le rythme effréné des leaders. Et au vue de la vague d'abandon et de casse, ils n'ont peut être pas tort de ménager leur monture. L'avenir nous le dira.
Après ces 2 groupes, vient le reste du peloton, bien décroché.
Et c'est Samantha Davies qui se classe 10ème
Elle a connu pas mal de problèmes mais elle fait face et continue de remplir l'objectif qu'elle s'est fixée : être devant son compatriote Brian Thompson. Il est actuellement 11ème, 110 milles derrière elle. Et suivi par l'autre femme de la course, Dee Caffari, 12ème.
Les leaders viennent de franchir la porte virtuelle au sud du Cap Leeuwin (pointe sud ouest de l'Australie) et foncent vers la suivante, située au sud de la Tasmanie. Après une brève accalmie, ils vont à nouveau rencontrer (ou plutôt, être rattrapés

) par des vents très violents dès ce soir, jusqu'à 65 noeuds
Bon courage à eux