Je fais partie de ce qu'on appelle la fuite des cerveaux , si ce n'était qu'au delà du cerveau qui reste prisonnier , de mon coeur qui demeure angoissé, mon corps a fuit aussi .
Disons du moins qu'il apprend à disparaitre au détour d'une rue quant il voit bleu.
Je suis ingénieur , je suis sans papiers et sans espoirs.
Car voyez vous de par chez nous , une fois les études finies , quant le travail ne suit pas , la vie s'arrète également , sans argent , sans toit , sans espoirs juste de se marier , de fonder sa vie sur un peu de dignité.
On nous dit désoeuvrés , nous autres haitistes ! On tient les murs d'une société bancale à attendre que quelque chose la fasse s'écrouler. On passe notre temps à rêver d'avoir quelque chose à faire. Alors on est là à trainer , a tourner en rond , et quant on a finit de disserter devant un café, qui peut durer des heures , on tourne en rond. Et on finit par demeurer là .
Las comme ses piliers , d'une société mal enracinée. On se prête parfois a rêver de faire sortir les termites du mur et faire une belle veine, celle qui pourrait tout purifier. Une belle saignée , mais finalement on s'est arrété de rêver devant la parabole.
Trop dur de s'égarer à trop penser quant toute votre vie est tétanisée. Pas le droit de se laisser à espérer quant la société s'est lacée.
La seule saigné qu'on ai fait , ce ne sont pas les termites qui l'ont subie mais nous. Alors on est resté avec nos termites à nous, et on essaye depuis de colmater la brèche
Et on continue à tenir les murs toute la journée , d'une société qu'on rêverait de faire écrouler, pas pour de grands idéaux et juste pour bouffer. Mais on ne se prête plus à rêver.
La dernière fois qu'on y a cru , c'est le sang qui a finit par couler. Et on essaye tout juste de se réveiller , finalement peur d'y croire à nouveau à ce renouveau . Les rêves tournent souvent au cauchemar ici.
J'avais 25 ans , je tenais les murs à Alger et j'ai finis par m'en aller , pas pour rêver juste pour essayer d'exister
Je m'appelle Ahmed , je suis sans papier et citoyen marseillais.