
Ibn Rushd averoes
A sa barbe éfilée, comme un lambeau de turban rapiécié, je comptais les années sans trop comprendre de quoi cet homme froid m'entretenais.
De discours , en paroles , le ton monocorde m'endormais.
- Suffit !
le tonnerre grondat, et c'est alors que saisit d'effroi , je regardais terrorisé cet étranger , qui était mon grand père.
- Il est temps que tu grandisses et que tu comprennes. Effronté.
Mais que me voulait il exactement, lui qui ne m'avait jamais regardé , lui qui m'avait enlevé et pourtant abandonné à d'autres. Le père de mon père m'ennuyait c'était un fait.
Pourtant combien de lunes avais je compté en espérant qu'un jour il me regarde enfin. Mais ce jour avait tant tardé que je l'avais moi même oublié.
Froid et dur à son image, il m'avait forgé , loin de la douceur d'un foyer, j'avais grandit c'est un fait.
- Comprendre , oui mon père, je comprends.
- Et que crois tu donc comprendres petit impertinent, me répondit le vieux le sourcil levé.
- Je comprends et fais ce que vous attendez , abi.
- En quoi ?
- En ne contredisant et ne disant mot , mon père. C'est ainsi que les enfants doivent être. Apprendre et se taire , on me l'a assez répété.
Quelques peu interloqué le vieux me regardais désabusé par tant d'arrogance. Le silence se fit pesant et lourd comme les pas d'un chameau.
- Continue donc de te taire et de bailler , tu fera certes partie de la caravane des ânes ! L'aveugle se détourne de la fosse où le clairvoyant se laisse tomber.*
Relevant d'un geste sec le pan de son bournous , il se leva et me laissa là. Seul dans la pièce d'apparat.
Que me voulait on donc , j'apprenais et voilà que cela se retournait contre moi. Cet homme était bien lunatique.
Fatigué j'allais voir mon Meheim , et lui entretenais ce sujet.
- Pourquoi l'aveugle ne tombe pas dans la fosse alors qu'il ne voit pas et celui qui voit s'y engage. Cela me parait bien stupide.
Un rire tonitruant secoua ce vieux corps hébraique.
- Mon enfant. Penses tu que si on te garantissait le chemin tu irais , suivant sans regarder ou tu va ? Même si cela ne mène a rien ?
Un moment passa , ou je me dis que les adultes étaient bien torturés , on m'avait toujours dis quoi faire et ou aller. Cela ne m'avait pas trop mal réussit pourtant jusqu'ici.
- Vous me l'avez pourtant assez répété, Sidi ! Fais ce qu'on te dit.
- Mon fils lorsque l'aiglone nourrit son fils , elle le pousse malgrés tout à s'envoler. Sinon comment aurait elle elle même réussit à voler ?
Ses adultes étaient bien compliqués. Ils se gossent de vouloir vous apprendre , pour mieux vous le reprocher. C'est donc cela rentrer dans le monde des hommes , se faire renvoyer de son foyer.
Je serais aiglon , je préfèerais y rester.
-Allons , allons , tu as atteinds l'âge de raison , raisonne donc. Lissant sa barbe il s'en alla , d'un rire tonitruant.
Je restais là. C'est donc ça , me disais je. Etre un homme ? Défaire tout ce qu'on m'a enseigné ? Devenir aveugle et ne pas savoir ou je vais ? Mais croient ils qu'ils me l'ont enseignés la ou je devais aller ? Moi qui ne sait d'ou je viens ?
Me prennent ils pour des sots , ceux qui croient m'enseigner dans leur livres, alors qu'ils ne m'ont jamais regardés et qu'il m'ont laissé choir sans même s'attarder.
Je laissais gisant la , ces paroles d'adultes. Et je me laissais choir, à la tombée de la nuit , même le son de l'appel a la prière qui raisonnait au loin , ne m'encouragait pas à rejoindre la cohorte des croyants. Elle était là et je l'attendais ... l'effroyable la tant aimée.
Ronde comme le sein d'une mère qu'on m'avait enlevé, douce et rayonnante , mystérieuse et innaccessible astre.
Je me laissais aller à l'observer. Je te haie comme je t'aime. Astre illuminé.
Tu restes là face à tes certitudes à me narguer et tu sais tout sur mon passé. Si je pouvais t'effacer , t'enlever.
Mais je t'aime trop , comme tu me haie. Ce soir comme au soir ou tu m'as tout enlevé. Je t'aime à m'en détester de trop t'apprécier.
Repoussant là , mon propre acharnement , je m'enfermais pour la première fois , tirant volets sur les mouscharieh.
Fatigué , lassé , de ces gens et de la lune. Je m'en allais a chercher à oublier . Mon coeur m'enserrait et je ne pensais qu'à ce vide qui m'enserrait.
Grandir alors que je ne voulais pas être né. Apprendre alors qu'à aucun moment je ne me sentais exister.
Aveugle , au moins j'apprenais à me méfier , à trop écouter et à chercher l'approbation sans savoir je me perdais.
Abi , dis moi si c'est ce dont tu parlais ?
La nuit sans lune emporte, et m'emporta d'un songe de larmes et de douleur de vide. L'abstraction emporte le nouveau né qui n'a pas d'origine ou se raccrocher, même la lune n'est pas assez haute pour me permettre de réver.
Fine chap2.
*Ibn Rushd
Pas le temps de tout taper finirait demain !