Le jour, on vit les yeux fermés
La nuit, on dort les yeux ouverts
On s’en va vers demain sans savoir où aller
On rêve pour oublier où on allait hier
Le jour, on se laisse guider par la clarté
Sait-on si le soleil se lèvera
On se dirige vers les rues agitées
Sait-on si on en sortira
Mais ce qu’on sait
C’est que le jour tue la solitude
Le jour est une demi-réalité
Qui éveille une douce solitude
En ce qu’on est
C’est devenu une habitude
De regarder ces avenues peuplées
Et d’oublier qu’il y règne une pesante quiétude
Le jour, on vit les yeux fermés
La nuit, on dort les yeux ouverts
On s’en va vers demain sans savoir où aller
On rêve pour oublier où on allait hier
La nuit, on se perd dans les songes de la vérité
Sait-on si on s’y retrouvera
On se retrouve totalement esseulés
Sait-on si on le réalisera
Et sait-on
Que la nuit est la vraie source de vie
Sait-on
Qu’elle est la sombre lumière de l’ennui
Sait-on
Que le rêve est la seule conscience
Sait-on
Qu’il est la symphonie du silence
Le jour est une scène théâtrale
Le jour, on est toujours entourés d’autrui
Mais ce n’est qu’illusion totale
Car on est toujours seuls dans la nuit…
Edité le : 30 Mai 2007 à 02:33:13
Je connais par cœur la chanson des pluies et des rivières.
J’ai bu l’or en fusion que le soleil, renflé
Comme un alambic, déverse dans les fleuves.
L’or et l’onde ont donné à ma voix un éclat,
Un lustre, une pureté sans pareils.
Tu m’as sans doute déjà entendue, Voyageur,
Au cours de tes errances, un soir, au bord de l’eau.
Si tel n’est pas le cas, approche, et écoute…
À l’heure où le soleil dépose des feuillets d’or
Sur les eaux vertes, bleues et brunes des étangs,
Assise, rêveuse, sur la mousse perlée des berges,
Je chante, comme Monet peindrait une toile :
Par petites touches vibrantes et lumineuses.
Et le grand orchestre des lacs et des mares,
Le grand orchestre d’eau, de cuivres et de feuillages
Tremble, vibre, s’ébroue, enveloppe mon chant.
Les peupliers palpitent comme de grandes torches ;
La harpe frileuse des saules soupire
Sous les longs doigts du vent, grêles et agiles.
Les feuillages frissonnent ; les ailes se froissent.
Les oiseaux criailleurs se disputent la vedette.
Mille gouttelettes étincelantes et musicales
Martèlent le glockenspiel grelottant des eaux.
Le chœur des joncs et des roseaux doucement oscille,
Tandis que de leur grosse tête pelucheuse
Les massettes-métronomes battent la mesure.
Placides, les nénuphars ondulent et se gondolent,
Tournent, farandolent et s’entrelacent mollement.
Et des nuées de libellules, furtives
Ballerines gainées de moire, en jupons d’ailes,
Frisaient la surface diaprée des eaux tranquilles.
Tout murmure, frémit, vrombit autour de moi.
Et dans la douce rumeur des iris et des joncs,
Je suis comme une perle fine dans son écrin.
Je suis la musique pure, parfaite, qui
Croît, s’élance et s’épand, confiante, sans trembler.
Je suis reine ici, reine ! Je suis l’âme du lac,
La nixe chanteuse qui dort au fond des eaux.
Et ma voix fabuleuse, jamais tu n’oublieras...
Naïade est en quelque sorte ce qui précède Petite Sirène.
Naïade, c’est l’état de grâce, la communion parfaite avec le lyrisme de la Nature et tous les autres Arts (musique, danse et peinture), le lyrisme inné, heureux, simple et facile, la poésie vécue comme une jouissance sans cesse renouvelée…
Tandis que Petite Sirène raconte l’expérience douloureuse du rejet et de la perte de ce lyrisme, le désespoir que provoquent la perte de ce don inné, la perte de la voix et du chant.
Ce premier poème en appelle un deuxième, afin de clore cette espèce de cycle : Le Cycle des Chanteuses. Je n’ai, à l’heure actuelle, aucune idée de ce que sera ce dernier poème !
Edité le : 30 Mai 2007 à 02:33:13
Pas mal comme description, ça me donne cette allure

… originale…y'a pas grand chose à manger
Edité le : 30 Mai 2007 à 02:33:13
Le cœur par ici
L'esprit par là
Viens nous irons sauter à pieds joints
Dans les nuages
Exposer au monde immense
Notre peine de vivre
Hurler à l'infini,
Que la Terre est belle !
Viens par ici nous irons courir
Dans les arcs-en-ciel
Comme des enfants, les cœurs en lambeaux
Amoureux de nos êtres à l'euphorie
Nos bouches assoiffées de baisers
Coiffées de soleil.
Et nos rires éclateront
Nos rêves.
Nous pourrons nous enfuir
Ivres
Partir loin du trop beau
Trouver notre sale magnifique
Notre monde
Hors de notre cœur
Une longue route noire
Qu'il nous faudra suivre.
L'esprit par ici
Le cœur par là
Vient, nous allons mourir.
Beaux dans l'opacité glauque
D'une eau verte
Ou d'une tombe
Choisit mon épitaphe au clair de brume
Et laisse moi ton cœur
Main dans la main
Viens
Allons nous noyer
Comme deux enfants tristes
Au creux des arbres morts nés
Le soleil roi.
Par ici.
Par là.
Nous ailleurs,
Toi et moi.
S’cusez-moi j’ai une crise….