"...Marseille a une réputation légendaire de ville particulièrement sale, "
la ville est l'une des plus malpropres d'Europe" selon un voyageur Anglais. Les observateurs ne manquent pas de s'indigner de la malpropreté de la ville etde l'odeur nauséabonde qui y règne...
Le relief de la ville et l'étroitesse des rues ne facilité pas les opérations de ramassage des immondices. Les ordures s'accumulent donc partout, ce qui nuit à la salubrité publique bien sùr, mais surtout, constitue une menace permanente pour le port en cas d'orage...
Pourtant, de grands efforts sont consentis pour assainir la ville...les règlements de police se multiplient qui interdisent à toute personne de jeter les ordures sous peine d'amende....Mais les ordures ménagères s'accumulent contre les remparts de la ville...
Les édiles marseillais n'arrivent pas à modifier les comportements, et ils ne parviennent pas non plus à mettre en place de service de ramassage véritablement efficace....
Les détritus sont triés par des "escoubilliers"
(note stoko: ou escoubiers du Provençal Escoubo: le balai)...sélectionnant les détritus à l'aide de petits balais pointus.
Les marseillais entreposent leurs ordures dans la rue et interdient aux escoubilliers d'y toucher...
Un agent est nommé par le conseil de la ville pour assurer le balayage des rues et l'enlèvement des ordures. Ce service bénéficie d'un financement annuel spécifique...
L'administration municipale tire un certain bénéfice de ce transport de détritus puisqu'elle prélève une taxe sur les chargements. Il y a donc une véritable "économie" de l'ordure qu'il s'agit de préserver, même si cela s'avère préjudiciable à la salubrité publique ou au fonctionnement du port.
La municpalité tente alors de confier le ramassage des ordures à un entrepreneur privé, mais on assiste à des échauffourées entre l'ancienne corporation et les employés de ce service de ramassage...la municipalité est obligée de céder, et trés rapidement la ville se dégrade à nouveau.
..."
etc etc etc
bel article sur notre ville, n'est ce pas

on s'y croirait
et pourtant, nous sommes au ................13e siècle ! en plein moyen-age !
En effet, j'ai hésité à la rubrique où classer ce petit bijou de livre sur l'histoire de l'eau à Marseille, avec ce passage sur l'état et l'entretien de la voie publique dans l'histoire: Marseille-bordilles; livres, actualité, humour...??
c'est du copié-collé avec 2010 et la récente actualité de notre ville: les escoubiers fouillant dans les poubelles avec leurs crochets, les corporations rejettant une modernisation ou privatisation de leur activité, la municipalité virevoltant sur les solutions, les remarques des touristes...
cela m'a bien amusé (faute d'en pleurer...) !
De Pierre VIDAL-NAQUET "Les ruisseaux, le canal et la mer; Les eaux de Marseille" ed l'Harmattan
(emprunté biblio bonneveine)
avec en parallèle une superbe approche des changements sociaux dùs à l'arrivée de l'eau au 19e, du moins de la réduction des inégalités sociales, et de la fin des bastides au sens placement immobilier.
En effet, jusqu'au milieu 19e les riches négociants et bourgeois placaient véritablement leur argent dans le construction achat-revente de bastides et de grands terrains, une véritable spéculation effrénée mais en aucun cas une volonté d'acheter pour y vivre en famille pendant des générations. Une bastide changeait de main tous les 5 voire 10 ans. L'eau, les bassins, les fontaines faisaient la valeur de ces bastides.
Et puis, le canal, l'eau en 1849 modifie complètement les rapports: chaque petit propriétaire, paysan, peut accédre à l'eau, il peut "rivaliser" avec la bastide où l'eau aménée à prix d'or, faisait la valeur initiale. Les propriétaires de bastides changent alors de tactique spéculative: ils morcellent leurs propriétés à la revente, la bastide elle-même ne vaut plus grand chose. C'est d'ailleurs de cette période que date la mise en place de la vente au M2 car jusque là c'était à l'hectare !
bref, une bonne leçon d'histoire sur notre ville, à méditer...
