mais où est passée la réponse de CHARITO citant joseph Mery ?
je voulais relire à tête reposée.......
Pardon Stokofish !
Je me suis demandée si j'étais bien dans le sujet du fil !
Voilà :
ET j’appelais ma patrie ;
Trois ans d’exil ! c’est assez ;
Ma grand’voile était meurtrie,
Tous mes huniers fracassés.
Sous ma poupe couronnée,
Notre Méditerranée
Roulait son eau fortunée,
Où mes pas étaient tracés.
QUEL transport dans l’équipage,
Quand aux premiers feux du jour,
Il a vu de cette plage
Surgir Marseille et sa tour !
Tous jurent en face d’elle
D’embrasser la citadelle
Comme une amante fidèle
Qui sourit à leur retour.
AH ! crois-moi, borne à Marseille
Ton aventureux souci ;
Je n’ai pas vu sa pareille
De Golconde à Portici ;
Célèbre, à ta fantaisie,
Dans ta folle poésie,
Toute l’Europe et l’Asie,
L’Univers... Mais reste ici [5].
RESTONS dans la Cité que tant d’azur couronne,
Qu’éclaire un beau soleil, que la mer environne :
Le rivage natal est un si doux lien !
Pourquoi, si tout ici surpasse notre envie,
De relais en relais tourmenter une vie ?
Pourquoi changer quand on est bien ?
TOUTE joie est ici ; bains tièdes sur nos plages,
Gais festins sur le roc, parfums de coquillages,
Promenades du soir dans le golfe riant ;
Quand l’automne à l’hiver abandonne la plaine,
Un beau port, où janvier réchauffe son haleine,
Sous notre soleil d’Orient.
ET nos toits sous les pins ! Ville napolitaines,
D’où nous voyons la mer, assis près des fontaines,
D’où l’on entend le cri des lointains nautonniers,
Quand les brises du soir, que le flot nous apporte,
Font frissonner d’amour, devant la fraîche porte,
Nos coupoles de marronniers.
ET surtout aujourd’hui que Marseille nouvelle
Dans son éclat antique à nos yeux se révèle ;
Et que, vengeant son nom d’injurieux dédains,
Elle prouve qu’aux fils de la vieille Phocée,
Athène, en expirant, a légué son Lycée,
Acadème ses frais jardins.
ENFIN, d’autres Cités ont la mer pour voisine,
Claires eaux, bois de pins qu’embaume la résine,
Coteaux de thym semés, doux réservoirs de miel ;
Mais nous avons de plus sur ces filles de l’onde
Le plus grand bien que Dieu puisse accorder au monde :
La liberté sous un beau ciel ! [6]
Le lien :
http://fr.wikisource.org/wiki/Marseille_(Joseph_M%C3%A9ry)