et effectivement j'avais lu dans un vieux bouquin sur marseille (géologie, curiosités), l'histoire des graffitis au fond de la grotte Rolland dans "la chapelle du diable" (titi n'a pas voulu y retourner la dernière fois, allez savoir...on devait être un vendredi ?)
ICI MESME J'AI VECU
" Un peu plus loin ce seul mot en relief :
MARTHE
" Puis au-dessus, cette ligne, funèbre :
LES VIVANTS QUI ENTRERONT ICI VENDREDI
AURONT PEUR
malhaureusement je ne les ai pas trouvé, il faudrait prendre son temps pour regarder toutes ces inscriptions avec la lampe torche.
lors des IRL nous en avons trouvé de sympas: Posin 1782; Marchand 1804 et pleins d'autres ainsi que des dessins.
Pour ce qui concerne notre sujet de sorcellerie et sabbats dans cette grotte, je vous recherche extrait bouquin qui le raconte (c'est le même que celui qui parle de la peste dans une autre fil).
D'autre part j'ai trouvé sur le net un bouquin sur cette affaire: LOREDAN Jean-UN PRINCE DE BELZEBUTH (acheté 1,9E...merci le net !)
Enfin, pour une IRL cela sera certainement difficille avant le mois de Juin car la grotte doit être toute humide pleine de boue d'argile...à moins de prévoir des vètements pourris et se changer.
Edité le : 11 Décembre 2008 à 10:50:45
Voiçi l'extrait promis, augustin FABRE , histoire de marseille 1820
j'ai mis en rouge la passage des aveux sur les sabbats à la grotte Rolland
Il y avait alors à Marseille un prêtre nommé Louis Gaufridy, né en 1578 à Bauvezet, diocèse de Senez, d'un berger qu'il quitta à l'âge de dix ans; il demeura deux ans à Pourrières chez son oncle, cure de cette paroisse, fit ensuite ses etudes à Marseille, reçut à Arles, les ordres sacrés, et fut pourvu des fonctions de vicaire à l'église de Notre-Dame-des-Accoules. Gaufridy avait pour son. malheur une imagination forte et vive, un cœur sensible et ardent; il unissait des manières séduisantes à des passions fougueuses, et il abusait, auprès des femmes, de l'ascendant que lui donnait le ministère de confesseur : c'était là toute sa magie. Mais comme des idées superstitieuses dominaient encore les esprits, le malheureux, qui n'avait que des faiblesses à se reprocher, fut accusé d'être sorcier et d'avoir fait avec l'enfer un pacte abominable.
La demoiselle Magdeleine de Mandols La Pa- lud, à peine âgée de seize ans, appartenant à une ancienne famille de Marseille ', fréquentait l'église desAccoules; la nature lui avait donné une beauté ravissante, et Gaufridy, avec son tempérament de feu, ne vit pas sans émotion ces graces enchanteresses que relevait encore une candeur virginale. Bientôt tous les transports de l'amour agitèrent son cœur que ne purent calmer ni les conseils de la raison, ni les devoirs du sanctuaire. Dissimulant ses sentiments, il s'introduisit, sous le voile de la piété, dans la maison
' Elle était fille d'Antoine de Mandols de Demondes La Falud et de Françoise Glandevès-Grcoulx.
de Magdeleinc qui le choisit pour directeur spirituel. Gaufridy, au comble de ses vœux, ne tarda pas à verser le poison de la volupté dans l'ame de sa pénitente ingénue. La jeune fille perdit sa gaîté ; elle éprouvait des sensations inconnues et des désirs indéfinissables, lorsque Gaufridy lui parla de sa passion et lui jura un inviolable attachement. Magdeleine n'écouta pas avec indifférence un langage nouveau pour elle, et quoique sa vertu triomphât de tous les artifices du séducteur, le coup était porté et la blessure était profonde. Magdeleine aussi sentait le besoin d'aimer, et toute son affection se concentrait sur un homme qui ne pouvait jamais être son époux. Une noire mélancolie la dévore et le désespoir l'accable; croyant que la solitude du cloître rendra le calme à son ame troublée et à ses sens agités, elle prend le voile aux Urselines de Marseille, et n'y trouve point le repos; l'objet qu'elle aime occupe toutes ses pensées, et l'amour soulève autour d'elle tous ses orages. Elle souffre pendant quelque temps les visites de Gaufridy qui, en sa qualité de prêtre, peut entrer dans le monastère ; ensuite les amants, pour éloigner tous les soupçons, conviennent de s'écrire avec les précautions nécessaires. Enfin, après deux ans de retraite, la jeune religieuse, craignant de voir son secret dévoilé, retourne, sous prétexte de maladie, à la maison paternelle où Gaufridy, la voyant avec plus de liberté, surmonte ses scrupules et sa résistance.
Magdeleine rougit de sa faiblesse, et le remords vint déchirer son ame toujours en proie au délire de la plus violente passion. Elle rentra dans le couvent, et bientôt l'on vit en elle un changement extraordinaire. Elle tomba souvent en extase, proféra mille imprécations contre Gau- fridy, dit que ce prêtre, disciple des démons, l'avait ensorcelée, et infecta de ses terreurs imaginaires quelques autres urselines qui peut-être avaient été blessées aussi par les traits de l'amour. Le père Romillon, prêtre de POratoire, l'envoya avec une sœur de la même congrégation à la Sainte-Baume pour y faire des neuvaines, et de là à Notre-Dame-de-Grace.
Les principaux citoyens de Marseille prirent la défense de Gaufridy qui passait pour un saint, et le menèrent comme en triomphe à l'évcquc Turricella dans son château d'Aubagne. Le vicaire des Accoules lui protesta que Magdeleine et sa compagne étaient deux visionnaires. On le crut; et les officiers de l'évêque supplièrent ce prélat de détruire la maison des Ursulines, et de faire mettre ces deux filles en prison. C'est ce qui fut résolu.
Magdeleine de la Palud avait été exorcisée à la Sainte-Baume par Sébastien Michaëlis, vicaire général de la congrégation réformée des frères Prêcheurs de Saint-Maximin. Cet homme, ignorant et crédule, crut entendre un diable qui lui dit, selon l'intention de l'église triomphante et militante, et d'à présent exorcisante ', que Mag- deleine ne serait délivrée que lorsque Louis Gaufridy serait converti, ou mort, ou pris par la justice. Michaëlis, étant allé à Aix pour y prêcher le carême, crut devoir informer le premier président Duvair de tout ce qui s'était passé à la Sainte-Baume. Magdeleine, conduite à l'archevêché, fut interrogée par ce magistrat, et, faisant des contorsions affreuses, elle lui dit que plusieurs démons, se suivant à la file, entraient dans son corps et en sortaient successivement. Le parlement envoya à Marseille les conseillers Antoine de Scguiran et de Thoron pour prendre des renseignements; ceux-ci firent saisir Gaufridy qui fut traduit aux prisons du palais à Aix.
Les commissaires commencèrent l'information le 19 février 1611, et interrogèrent plusieurs témoins dont quelques-uns déposèrent en faveur de l'accusé. Magdeleine fut exorcisée plusieurs fois en leur présence et en celle de quelques autres conseillers, d'abord par Gavaudan, vicaire général de l'archevêque d'Aix, et ensuite par Pcllicot, son successeur. Durant ces exorcismes elle eut plusieurs tremblements convulsifs qu'on regarda comme des signes infaillibles de possession.
Magdeleine soutint d'abord que Gaufridy était un homme de bien, digne d'être placé sur un autel pour y être adoré ; que tout ce qu'elle avait dit contre lui était une calomnie. Rétractant ensuite sa déclaration, elle s'écria que cet indigne ministre du tout-puissant était l'apôtre du mensonge et le prince des magiciens ; qu'il avait exercé sur elle le pouvoir redoutable de son art infernal ; que par le moyen d'une pêche il lui avait inspiré une vive passion pour lui; que le jour de Noël, à la messe de minuit, il l'avait fait renoncer à Dieu; qu'avant de la déshonorer, il lui avait fait signer, de son sang, une cédule mystérieuse; qu'en compagnie de Belzébuth déguisé en gentilhomme , il l'avait transportée au sabbat dont elle fit une description impudique.
Gaufridy convint qu'il y avait eu une grande familiarité entre lui et la jeune religieuse de Marseille; mais il soutint que cette liaison n'avait jamais passé les bornes de la bienséance, et s'inscrivit en faux contre tout ce que cette fille lui imputait '.
« A dit et répondu que véritablement quant à. la privauté « et grande familiarité, il ne la peut nier ; toutefois ce a esté « toujours en qualité de père spirituel, sans avoir pensé à « mal; mais que tout le reste est faux. » (Pièces du procès).
Le vicaire des Accoules était presse dans sa prison de tout avouer, et les capucins qui le visitaient, pour lui donner des consolations, lui faisaient entendre que cet aveu serait le seul moyen d'obtenir sa grace. La crainte du supplice troubla bientôt son esprit. Alors il changea de langage et se reconnut pour sorcier. Le 14 avril, il dit, entre autres choses extravagantes, qu'ayant trouvé parmi les livres de son oncle un ouvrage de magie, il en lut quelques vers et se sentit ému ; que tout à coup Lucifer lui apparut , lequel etait vêtu en gentilhomme d'habit commun, sans épée, de poil châtain en sa barbe et poil de tête, et quant au visage en couleur blanche ' ; que dans le pacte qu'ils firent ensemble , il donna son corps et son ame à l'esprit malin, et promit de renoncer au fruit de toutes ses bonnes œuvres durant sa vie, sauf la valeur des sacrements ; que Lucifer de son côté lui donna une sienne ce'dule , et par icelle le pouvoir et la vertu que toutes les filles et femmes qu'il soufflerait avec la bouche seraient du tout transportees en son amour, pourvu qu'elles eussent sentiment dudit souffle ' ; Gaufridy ajouta qu'il exerça ce pouvoir sur Magdeleine de la Palud, et qu'il la donna au démon Asmodée; qu'il la fit renoncer à Dieu, aux saints et au paradls; qu'il alla cinq fois au sabbat, savoir: deux fois à la grotte de Rolland, qui est à deux lieues de Marseille, deux fois à là grotte Lou- bière, près de Château-Gombert, et une seule fois à la Sainte-Baume '.
Le lendemain Gaufridy se rétracta, attribuant à la seule appréhension de la mort tout ce qu'il avait déclaré; mais le 22 du même mois, étant confronté avec Magdeleine, sa raison s'égara encore. Il cita le texte de la cédule qu'il prétendait avoir reçue de Lucifer * ; il donna de nouveaux détails sur sa sorcellerie, et parmi les choses qu'il dit avoir apprises au sabbat, il parla de l'église, de la cour et du gouvernement.
Jacques Fontaine, Louis Graci et Antoine Mé- rindol, docteurs en médecine, et Pierre Bon- temps, chirurgien anatomiste, tous les quatre professeurs en l'université d'Aix, furent nommés par le parlement pour examiner quelques taches que les deux accusés avaient sur le corps 3.
' Pièces du procès.
' Voici ce texte :
« Je, Lucifer, promets à toi Louis Gaufridy, te donner « force de pouvoir promptement charmer en vertu d'un souffle « toutes les femmes que tu voudras, en vertu de quoi j'ai « soussigné, Lucifer. »
3 Il paraît que Gaufridy, élevé dans la croyance qu'il existait des sorciers et qu'on pouvait avoir un commerce avec le diable, s'était livré à des actes de superstition pour inspirer Dominés par de puériles idées de magie, ils déclarèrent, après examen, que ces marques ne leur paraissaient point naturelles. Le peuple provençal était dans l'effervescence, et les imaginations effrayées ne savaient enfanter que des rêveries monstrueuses. Partout on racontait des événements étranges, des scènes extraordinaires. On disait que Gaufridy, être mystérieux, bizarre exception dans la race humaine, ne se plaisait que dans la pensée du mal, et blasphémait sans cesse le nom sacré de la vertu ; qu'initié à tous les secrets de l'abîme, il évoquait a son gré les esprits de ténèbres, et que ceux-ci, fantômes menaçants , spectres hideux, voltigeaient autour de lui pour recevoir ses ordres et obéir à ses caprices. On disait qu'il trouvait du charme dans le spectacle des douleurs, dans les accents du désespoir, dans les convulsions de la mort, et que sa voix impie, qui bravait les foudres du ciel, faisait trembler les éléments soumis et la nature étonnée. On disait que, par la force de ses enchantements, les jeunes vierges voyaient flétrir sur leurs fronts la suave couronne d'innocence et de pudeur; qu'elles se livraient alors avec joie à ses désirs insatiables , et que dans ces embrassements frénétiques
plus d'amour ù Magdeleinc de La Palud convaincue, comme lui, de l'existence de l'art magique.
on ne voyait que des raffinements de souillure et des monstres d'impudicité.
Le parlement lui-même n'avait pas assez de sagesse pour résister au torrent de ces préjugés populaires, et les magistrats croyaient à la magie avec une bonne foi risible. Un jour qu'ils étaient assemblés pour écouter de Thoron qui lisait l'information dans laquelle plusieurs témoins attestaient que le vicaire des Accoules, avant d'aller au sabbat, se oignait d'huile, on entendit dans la cheminée un grand bruit, et bientôt parut un homme noir qui secouait la tête. Les conseillers, croyant que c'était le diable qui venait venger son élève, s'enfuirent épouvantés ; mais de Thoron , se trouvant malheureusement embarrassé dans le bureau, ne put les suivre. Tout tremblant de frayeur, il multipliait les signes de croix et balbutiait des paroles entrecoupées, lorsque le spectre se fit connaître : c'était un ramoneur qui, après avoir ramoné la cheminée de Messieurs des comptes, dont le tuyau joignait celle de la tournelle, s'était mépris et était descendu dans la chambre du parlement '.
Gaufridy fut mis sur la sellette le 28 avril. Il soutint pendant quelque temps qu'il était innocent, et répondit avec beaucoup de présence d'esprit. Lorsque le président l'interrogea snr les marques qu'il portait, et qu'il lui demanda s'il les avait reçues du diable, il dit que c'était une chose qui lui avait bien donné à penser ; qu'il ne pouvait dire que la vérité, et qu'il n'avait jamais su comment ces marques avaient été faites. Le président ayant voulu lui prouver qu'il avait eu un livre de magie, puisqu'il l'avait ainsi déclaré, il ne sut que répondre et dit tout bas : ah ! Dieu. Il se prit à pleurer, et son trouble augmenta aux interrogatoires suivants. Il versa encore des larmes en disant qu'il avait grand peur des tourments et que cela lui avait levé le sens. Et peu après : je me suis converti, mais le tourment de la justice mefait grand peur, et ai peur de retourner perdre l'ame '.
Le président, le voyant ainsi troublé, l'avertit de ne pas se damner et d'élever son cœur à Dieu. Aces mots, Gaufridy se reconnut pour magicien, convint d'être allé au sabbat, et s'accusa de tout ce qu'on lui imputait '.
' Cahier de l'interrogatoire sur la sellette.
'«. Interrogé qui était au sabbat avec lui et Magdeleine, a dit « que cela l'a tracassé extrêmement; s'étant mis à pleurer a « dit qu'il ne reconnut personne, etc., que les grands brouillards qu'il y a aux assemblées empêchent de les connaître, « etc., n'y ayant que soufre, poix, etc.; inteiTogé s'il a connu
Le 30 avril, ce malheureux, déclaré coupable de rapt, séduction, impiété, magie, sorcellerie et autres abominations, fut condamné à être brûlé vif, préalablement appliqué à la question ordinaire et extraordinaire, comme aussi à être dégradé par l'évêque de Marseille '. Magdeleinc
« personne infecté de magie, a dit qu'il y a un mois qu'il y « pense, mais qu'il n'est point mémoratif d'en avoir connu « aucun.
« Il dit plus bas que les sorciers se rencontrent rarement « en allant à la synagogue, car cela est comme des mouches. »
Cahier de l'interrogatoire sur la sellette.
' Voici le dispositif de cet arrêt aussi ridicule qu'atroce :
« La cour a déclaré et déclare ledit Louis Gaufridy atteint « et convaincu desdits cas et crimes à lui imposés, pour répa- « ration desquels l'a condamné et condamne d'être livré entre « les mains de l'exécuteur de la haute justice, mené et conduit « par tous les lieux et carrefours de cette ville d'Aix accou- « tumès, et au devant de la grande p'orte de l'église métropo- « litaine Saint-Sauveur dudit Aix; faire amende honorable « tète nue, et pieds nus, la hart au col, tenant un flambeau « ardent en ses mains; et là à genoux demander pardon à « Dieu, au rei et à la justice, et ce fait, être mené en la place « des Prêcheurs de ladite ville, et y être ard et brûlé tout vif « sur un bûcher qui à ces fins y sera dressé, jusqu'à ce que « son corps et ossements soient consumés et réduits en cen- « dres, et icelles après jetées au vent, et tous chacun ses biens « acquis et confisqués au roi, et avant être exécuté sera mis et « appliqué à la question ordinaire et extraordinaire pour « avoir de sa bouche la vérité de ses complices, et néanmoins « avant que de procéder à ladite exécution, sera mis préala- .. blement entre les mains de l'évêque de Marseille son diocé- « sain, ou à son défaut d'autre prélat de la qualité requise, . pour être dégradé en la manière accoutumée. >