Bon je voulais pas repondre mais en lisant vos interventions, je peux pas me retenir, ça me fait trop penser à maman.
D'abord, personne ne veut "aller en maison" .... on parle bien de maisons de retraite où on passe d'une vraie maison à une chambre où on vous propose (super !) de mener un ou 2 meubles et de la deco pour personnaliser le lieu ... mais attention hein, pas de trous sur les murs etc .....
Personne ne veut y aller mais parfois on est obligé d'y aller et ça n'a parfois aucun rapport avec le fait d'être abandonné de sa famille : j'ai pris maman à bout de bras jusqu'à la fin, jusqu'à ce que je finisse à l'hopital, jusqu'à ce qu'on m'oblige (OBLIGEE par un docteur

) à la placer.
Pour sa securité ...
Ce n'est pas le sujet mais j'en veux terriblement à ce docteur, d'une façon éhontée.
On m'a dit "vous avez 10 jours pour trouver une maison, votre maman n'a plus aucune faculté intelllectuelle (FAUX et ARCHI FAUX) et rester chez elle est dangereux. Ce n'est pas parce que vous passez 1h de temps en temps que l'on peut dire qu'elle est sécurisée etc ... (je vous passe sur ce que j'ai du entendre et combien je pleurais au point de ne pouvoir repondre à rien)
"Mais, je ne sais pas comment la choisir ? Je n'en connais pas. Et je n'ai aucune confiance."
"Vous avez 10 jours"
Je telephone en pleurs à l'assistante sociale.
6 jours après, elle me dit qu'une place se libere (comprendre : on a un mort dans nos rangs

) et que je dois d'urgence prendre rdv avec la directrice; ce que je fais la mort dans l'ame.
Haaaaaaaaaa le rendez-vous au top : à l'écoute, rassurante, voix douce, mots justes, présentation de l'infirmiere en chef, le planning des animations etc ...
Peut-être que maman sera bien là-bas ? ..............

Peut-être que c'est effectivement ce qui lui faut ?
Je signe. Je suis les ordres du medecin. Je ne dis rien à maman.
Maman rentre en maison le 10 septembre.
Maman se casse le col du femur le 15 septembre (niveau securité le top non ?).
Maman se fait operer le 16 septembre.
Maman quitte l'hopital et revient à la maison de retraite le 23 septembre.
La maison de retraite m'appelle dans la nuit du 12 au 13 octobre.
Maman meurt le 14 octobre....
Maman a passé tout juste 1 mois dans cette maison : horrible, une souffrance pour elle, pour moi. Une horreur.
La maison etait belle .... colorée, gaie.
Mais maman etait parquée toute la journée dans un immense salon avec des canapés en cuir et un ecran plat, avec 14 autres pauvres pensionnaires. Parqués.
Posés là. De temps en temps, on leur disait 2 mots, on leur donnait un verre à boire, mais leur journée etait rythmée uniquement par les repas. En dehors de ça, rien.
Tous parqués là, reunis, à attendre que la vie passe.
D'une tristesse atroce.
Vous voyez, il n'y a pas que des personnes en fin de vie ou abandonnées de leur famille en maison : il y a des pauvres gens obligés de passer par là.
La maison de retraite n'est pas toujours synonyme d'abandon, mais des fois, il y a des situations de dépendance qui font qu'on ne peut pas laisser son parent continuer d'habiter seul dans une maison ou un appartement, ni même le prendre avec soi à la maison.
Maman n'a jamais subi de mauvais traitement là-bas mais elle a été traitée comme une malade pas comme une personne et cela fait une enorme difference, je vous le dis.
Un malade (type Alzheimer) on le met là, on lui donne ses cachets aux heures indiquées avec quelques mots quad même ; on l'assoit à table, on regarde d'un oeil si il mange seul ou pas, si il laisse dans son assiette, c'est qu'il aime pas (NON, c'est parfois qu'il y arrive pas ou aussi que c'est pas bon, pas à son gout et il faut lui donner autre chose !)
Il y avait 2 personnes pour faire manger 15 pensionnaires dont certains ne pouvaient absolument pas manger seuls et qui par la force des choses accaparaient les 2 aide-soignantes ... pourquoi que 2 ? ECONOMIE. A en vomir.
Je souligne que par mois, cela coutait 3200 euros ......
les pensionnaires ont tellement d'appétit pour ce qui se passe dehors que la moindre visite est un plaisir pour tous.
Ha oui, ça oui, et ce n'est pas toujours de l'appetit, c'est de la faim .... presque de la voracité parfois. Avec maman, y'avait une mémé qui chaque jour que je venais, me tirait par la main sans un mot pour que je la mene promener et une autre qui me parlait sans arret, sans repis, alors avec maman on partait toutes les 4 : maman rigolait parce qu'elle ressentait qu'on etait presque "obligées" de partager nos moments avec elles. "ça payait!" comme disait maman !
Une qui me parlait sans arret, une qui me tirait, moi qui tentais de garder le contact physique avec maman et maman qui parfois s'enervait, un peu jalouse aussi.
C'etait un moment de partage parce que ces personnes etaient tellement en manque de tout que je me serais jamais vue les repousser pourtant je venais pour maman.
Moi ça me rend malade les maisons de retraite.
Chaque fois que je visite quelqu'un je repars en pleurant
Oui moi c'est plutot ça ...... c'est triste souvent. Globalement, il y a plus de scenes très tristes que de scenes d'allegresse.
Je pensais souvent aux Fioupelans qui chantent de temps en temps pour les pensionnaires et je sais que ça c'est un moment de joie, j'y pensais parfois.
je mettrai des caméras de vidéo surveillance dans ces maisons..A la moindre incartade du personnel, mise a pied..et si ca recommence, licenciement ! ! ca en ferai réfléchir plus d'un..
Y'a pas que la maltraitance ... je pense pas qu'il y en ait tant que ça.
Mais il y a beaucoup d'indifference. Pas le temps. Economie de personnel. On racle sur tout. Rendement...
Désolée d'avoir pondu cette reponse un peu longue mais c'est visceral, j'aurais tellement de choses à dire ...